lundi 6 décembre 2021

19 décembre 2021 : le temps qu'il fait - climat et météo


Vent, pluie et neige, sans doute le quotidien météorologique de décembre, bien que l'on puisse espérer de large éclaircies ensoleillées... Notre atelier du 19 décembre (au 5 rue de l'imprimerie, de 14h30 à 17h) aura donc pour thème : le climat, et tout phénomène météorologique que l'on peut observer : nuages, pluie, vent, neige, brumes et brouillards, tempête ou cyclones... Toutes les approches et techniques sont bienvenues : dessin humoristique ou paysage romantique, en passant par le constat scientifique, ou le rêve surréaliste...la météo est incontestablement une source d'inspiration majeure en art.

Météores

Dans l'histoire de l'art, le ciel faisait peu l'objet de représentation sinon en tant que lieu symbolique du divin par opposition aux basses réalités terrestres.  Les phénomènes cosmiques et météorologiques étaient interprétés comme des signes des manifestation du pouvoir des dieux. Aussi en peinture, jusqu'à la renaissance, la voute céleste, les nuages, les météores (entendons par là l'ensemble des phénomènes météorologiques) relevaient du langage allégorique.  Ainsi cette Ascension du Christ, du peintre Hans von Kulmbach (1480-1522), disciple de Dürer, oppose assez brutalement le monde terrestre, celui des Apôtres, laissés à eux mêmes face à un Christ, dont on ne voit que les pieds, disparaissant dans les nuages. Les nuées sont - dans l'univers biblique - le lieu de la manifestation de la puissance divine. La voûte céleste médiévale est d'azur, étoilé, voire doré - l'or qui constitue l'arrière plan des icônes nous renvoie à la spiritualité pure, à l'ineffable contemplation du divin. 

 

 

Héritier de la tradition byzantine mais nourri aussi de l'esthétique nouvelle de la Renaissance italienne, le Greco perpétue cette tradition de rupture entre deux mondes, terrestre et céleste, aux personnages tendus vers le firmament, mais dans sa Vue de Tolède, il traduit l'instant d'éblouissement provoqué par l'éclair. Le ciel est orageux et la foudre, diffus dans les nuages, illumine les bâtiments d'une lueur spectrale. 

Cette œuvre exceptionnelle préfigure le regard romantique friand de tempêtes et d'orages. De plus en plus souvent les météores sont représentés pour eux-mêmes. Le paysage ou les personnages seraient plutôt des prétextes à une contemplation du "temps qu'il fait". 

Chez Caspar David Friedrich, les personnages sont purement contemplatifs ou, parfois se réduisent à une silhouette submergée par la nature.


Nous trouvons certes un voyageur s'élevant, au prix de l'effort ascensionnel qu'il a accompli, au dessus des nuages, mais on sent bien que ce qui importe chez le peintre est la nature elle-même, une nature ici aérienne où monts et rochers n'apparaissent que comme des ilots. Clairs de Lune, brumes, crépuscules, et tempêtes diverses constituent le fond d'inspiration du peintre et deviennent parfois quasiment le seul sujet.










Les phénomènes météorologique sont fugaces, changeants, protéiformes, le peintre est mis au défi de capter l'instant présent ou de synthétiser l'essentiel du paysage qui l'entoure... S'attachant aux météores, il confine parfois à l'abstraction... Ainsi Turner saisit la lumière diffuse des crépuscules embrumés, le mouvement des vagues sous la tempête, l'évanescence des vaisseaux lointains... 

Rien n'est individualisé dans cette Tempête de neige où l'on discerne à peine le bateau à vapeur dont la fumée se mêle aux nuages et embruns ...

Romantique, impressionniste, expressionniste ? Peut être les trois à la fois, Turner entretient un rapport fusionnel avec le monde, mais il le représente comme la synthèse d'impressions fugitives. On se retrouve face à une photographie floue, incapable de figer les éléments. Cependant ce qui apparaît aussi ne relève pas nécessairement de l'objectivisme impressionniste (soucieux de représenter le perçu du motif). Quel état d'âme s'exprime ici dans ces paysages ?

A certains égards, Turner est tout autant le précurseur de l'expressionnisme que des impressionnistes. Ces derniers font eux aussi la part belle à la météo. Saisir couleurs et lumières telles que le peintre les perçoit - à l'instar d'un appareil photo - rend le tableau tributaire du temps qu'il fait. Monet peint la cathédrale de Rouen à maintes reprises. Chaque tableau illustre un moment précis unique par la lumière et les couleurs. L'état changeant du ciel se manifeste dans cette série bien qu'il ne soit ni le sujet, ni représenté (ou presque)... 


Il n'empêche que Monet porte aussi son regard sur le ciel, les nuages, les brumes, les crépuscules, et cette aube qui marquera une époque nouvelle de la peinture ...

Claude Monet, Impression soleil levant

Julie Vaillancourt, artiste canadienne, représente une maison emportée par une bourrasque impitoyable. "La Tornade" est clairement de facture expressionniste, la maison fait partie intégrante des tourbillons qui l'emportent. L'effroi que l'on ressentit devant une tornade se traduit par l'entrelacement chaotique des courbes. 

 

 

 

 

 

Cet univers tourbillonnaire se retrouve aussi chez Van Gogh dont les coups de pinceau expriment  une réelle admiration face à une nature en devenir perpétuel. Champs de blé, cyprès, ciels et nuages, se fondent. Les étoiles vibrent et les astres deviennent galaxies. Van Gogh se tenait au courant, à travers l'une ou l'autre revue d'astronomie populaire, de la découverte récente, à son époque, des galaxies. Cela l'inspira dans ce paysage nocturne. 
 
 
 
 
 
 
 

Le Champ de blé aux corbeaux, est peut être l'œuvre la plus emblématique de l'angoisse existentielle qui poussa Van Gogh au suicide. L'individu se dissout dans les éléments, la vie n'est qu'un passage, la mort, un envol soudain. Le temps qui passe se confond avec le temps qu'il fait.  

Dans un prochain article, nous traiterons, par quelques exemples et quelques tutos, des diverses manières d'aborder notre thème "météo"...




 










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