mercredi 15 septembre 2021

17 octobre 2021 - la ville

 Le 17 octobre, notre atelier - qui se tiendra de 14 à 17 h au 15 rue de l'imprimerie, proposera comme thème "la ville"... avant de suggérer quelques techniques et procédés, nous proposons ici un rapide et très succinct survol du thème urbain dans l'art

La ville et l'art


Est-ce la ville qui hante l'art ou l'art qui hante la ville ? L'urbanité (plus que l'urbanisation) est, depuis l'antiquité, la toile de fond de la production artistique. Entendons par là que l'artiste ne peut s'épanouir que dans le contexte de rapports sociaux, d'échanges culturels et commerciaux prospères indispensables à la créativité artistique. Il suffira de parcourir les rues pour constater - dans la statuaire, les peintures murales ou les arts décoratifs - l'omniprésence de l'art dans la ville. Inversement la ville inspire l'artiste. Nous voyons dès l'antiquité romaine des évocations de la cité, évocations que l'on retrouvera au moyen-âge et durant la renaissance : la Cité, réelle ou idéelle, est le lieu de l'épanouissement de l'être humain, un lieu protégé de la sauvagerie d'une nature indomptée, un lieu où se concrétise l'utopie d'un monde délivré du mal. 

Etienne-Louis Boullée,
projet pour une métropole, 1781
Comment re-présenter la ville aujourd'hui ? Le romantisme a rompu avec l'idéal classique d'une cité parfaite, idéal utopique où l'architecture se met au service d'un pouvoir absolu. La ville est devenue - avec la révolution industrielle - tentaculaire, destructrice et délétère. Elle ronge les campagne, faut du peuple paysan des cohortes robotisée de prolétaires. La paupérisation engendre des maux propres : vices, alcoolisme, criminalité.

L'inquiétude face à la Ville, non pas la Jérusalem céleste ou la Rome impériale, mais Babylone, existe cependant depuis les temps médiévaux... la tour de Babel, allégorie d'une utopie inachevable, de Bruegel le jeune est une véritable encyclopédie visuelle des techniques de construction, mais l'édifice accédant aux cieux nous apparait comme un volcan dont la labeur des homme s'écoule sur le flancs telle une lave incandescente.


 

 

La Città ideale
Melozzo da Forlì, 1480-1490
  

Ainsi la représentation picturale de la ville change. L'idéal classique fait place au réalisme cru. Bien sûr le processus est lent corrélé avec l'embourgeoisement des citadins. La peinture s'intéresse à la vie privée, orne les demeures des commerçants, des notables... on préfèrera les scènes de genre, les tableaux d'une vie quotidienne apaisée, tel le Delft de Vermeer.
 


 Le 19e siècle oscille dont entre la nostalgie romantique d'un passé révolu, on évoquera les cités antiques en ruine, et la peinture sans fard d'une modernité à la fois porteuse d'espoir (ce progrès libérateur) et de menaces. Le langage artistique et pictural se diversifie au grès des expérimentations avant-gardistes, expérimentation nourrie des acquis scientifiques et techniques, de la colorimétrie, de la production des pigments de synthèse, de la photographie et du cinéma...

On constatera que rapidement, le regard objectif fait place à la subjectivité impressionniste (la perception primant sur le réel) ou au vécu expressionniste. Caillebotte rend parfaitement compte la nouvelle structuration du paysage urbain à la suite des aménagement de Haussmann, urbaniste destructeur des quartiers populaire au profit de larges avenues matérialisant la reconquête de la bourgeoisie naguère menacée par la Commune. 

 

 

 

Mais aux perspectives grisâtres, Monet préfère le chatoiement coloré d'une fête républicaine. Outre Atlantique, le peintre américain Robert Henri dépeint New-York sous la neige. Ici la cité se fait brumeuse, froide, boueuse... avec d'autres artistes, il est partie prenante d'un courant, non structuré cependant, qu'on appellera "Ash can school". Attention portée aux couches populaires, inspiration réaliste et social, peinture sans concession de quartiers populeux de la métropole américaine, les artistes de ce courant rendront compte, avec intensité, de la réalité urbaine du début du 20e siècle.

Robert Henri, Snow in New York, 1902,






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 Le 20e siècle, et particulièrement dans l'après-guerre 1914-1918 est l'ère de la déconstruction :  en témoigne par exemple, le futurisme italien, dont la volonté destructrice du vieux monde est évidente : éloge de la violence, de la virilité, de la guerre, de la technique et de la vitesse, le peintre futuriste s'attachera à peintre le mouvement, le rythme, les flux et les pulsations lumineuses...  la ville est force et lumière, énergie pure. Le cubisme et le surréalisme achèveront cette rupture avec le réel. Ouvrant la porte à l'abstraction ou à un symbolisme désincarné. La ville deviendra un assemblage de formes épurées ou le prétexte à une rêverie.

Umberto Boccioni - vision simultanée

Picasso

de Chirico





 

 

 

Fernand Leger 


 Ville réelle, ville imaginaire, témoin de civilisation ou jungle urbaine, la ville fascine aujourd'hui encore les artistes. Loin de se limiter au paysage architectural, la ville sera le cadre d'interactions humaines dont la peinture sociale sera le témoin. L'être humain est au cœur de l'urbain. Léger évoque avec optimisme, en un graphisme joyeux, le travail des bâtisseurs, tandis que le peintre américain Bellow évoque une plèbe affairée et grouillante... En Belgique, le graveur Masereel qui saura témoigner de l'espoir et de l'amour au cœur de la métropole capitaliste dans une œuvre profondément engagée.

 

 

 

 

 

 

George Wesley Bellows “Cliff Dwellers”
 

 

 




 

 












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