lundi 2 décembre 2019

60 nuances de rouge

Manifestation, Bruxelles, photo PatriceDx

le rouge est mis

Couleur forte, le rouge suscite la passion. Dans l'antiquité et le moyen-âge, elle était la couleur la plus utilisée, dans ses différentes nuances, de l'ocre au pourpre, en raison de la disponibilité des pigments minéraux et naturels. Couleur du feu et du sang, elle symbolise le pouvoir, la vie, la passion, voire la violence. Elle évoque aussi la noblesse. Aujourd'hui, sa symbolique est plus ambivalente, puisqu'il est souvent un signal de danger. Mais les modistes et les designers voient dans les rouges - vermillon, carmin, amarante...- une charge émotionnelle vecteur de désir et de sensualité...Faut-il s'étonner qu'au coeur de l'hiver, le rouge apporte une chaleur bienvenue ?

Aussi nous travaillerons ce 15 décembre cette couleur, dans ses différentes nuances, en utilisant divers matériaux : peinture acrylique, ou huile, aquarelle, pastels, crayons ... les thèmes sont innombrables - fruits, vêtements, personnages, symboles, abstraction  - et l'on pourra discuter de la valeur symbolique de cette couleur.

le nuancier ci-contre permettra de mieux désigner les quelque 60 nuances de rouge ...on admettra que la dernière teinte tire plutôt vers le bleu.

Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire culturelle des couleurs, l'oeuvre de Michel Pastoureau est incontournable. Cet historien a consacré au rouge un volume des plus intéressants : "Rouge, histoire d'une couleur" ( édition Le Seuil, collection Points. Histoire. )

En Occident, le rouge était la couleur par excellence dans l'antiquité et le moyen-âge. Elle avait une forte dimension sociale et religieuse. Même si des pigments minéraux - l'ocre, les oxydes de fer, le cinabre (sulfure de mercure, d'où on tire le vermillon) -  étaient relativement accessibles, certaines nuances exigeaient des pigments végétaux ou animaux plus rares ou plus difficiles à produire. 

La célèbre pourpre - un rouge violacé - des Romain provenait du murex, un gastéropode marin vivant en Méditerranée dont le mucus se colorait au soleil. La fabrication du pigment était longue et difficile et nécessitait la récolte de plusieurs milliers de murex. Cette teinture était l'apanage des plus hautes classes de la société.

Le carmin est aussi d'origine animale, puisqu'il est extrait de cochenilles, parasites du chêne kermès. Ce pigment était connu par les Égyptiens et fut utilisé en Europe sous le nom de laque cramoisie et à servi au 15e S à la fabrication de la pourpre cardinale, de couleur écarlate.

de quoi le rouge est-il le nom ?

Jan Van Eyck, l'homme au turban
Universellement, le rouge manifeste la vitalité. Couleur du feu ou du sang, il exprime lorsqu'il est clair, la puissance et la force du feu, devenant un symbole guerrier ou de pouvoir, mais un rouge sombre rappelle le sang, il est obscur, secret, et évoque le mystère de la vie. Son ambivalence est incontestable, le feu crée et détruit, le sang est vital tout en étant, répandu, signe de mort ou de danger.

C'est dire l'importance du rouge dans la représentation artistique, et même dans la vie quotidienne. Prisé et recherché dans les vêtements depuis l'antiquité jusqu'au moyen-âge, il est honni dès la réforme protestante qui condamnait la frivolité et l'apparat. Le 18e S remit au goût du jour les couleurs vives, mais en donnant préférence aux verts et aux bleus, le rouge subsista dans les tonalités roses. Aujourd'hui encore le rose, couleur chair, évoque la légèreté des moeurs, voire l'érotisme.




Fragonard, Naissance de Vénus, 1755

 

Gauguin, le chapeau rouge
C'est au 19e s et aux 20e s, ères industrielles et de révoltes, que le rouge fut remis à l'honneur en particulier dans la propagande politique et révolutionnaire, avant d'être largement utilisé par les publicistes et designers commerciaux.

El Lissitzky, Frappe les blancs avec le coin rouge

camion publicitaire d'une société de télecom (photo Patrice Dx)
Autant pour les constructivistes aux designers publicitaires et industriels, le rouge est le signal par excellence.Les artistes contemporains ne se sont pas privés d'en exploiter les ressources.

Yves Klein, Relief rouge, Eponge sans titre, 1961















L'atelier


le 15 décembre, de 14 h à 16 h 30, le rouge sera à consommer sans modération. Peintures, aquarelles ou pastels  déborderont de vitalité et de cette chaleur bienvenue en ces prémisses de l'hiver. 



cela se passera au 5 rue de l'Imprimerie, à Forest














Bright Brussels 2017 - installation lumineuse 


























Zinneke parade, Bruxelles 2016 - photo PatriceDx


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